Une rêveuse dont tout l’art consiste à atterrir en douceur et parfois en catastrophe. Une esthétique de la gueule de bois peut-être. Sa saison c’est l’adolescence et plus particulièrement le dimanche après-midi, lendemain de fête; alors que nous entendons au loin les parents qui nous laissent tranquilles un moment, pensant que nous faisons nos devoirs. C’est là qu’elle se raconte des histoires modernes, cruelles ou parfois fantastiques sous forme de longs synopsis brodés, où des jeunes très modes se trompent souvent de choix existentiels, ou encore elle fait des dessins de copains qu’elle n’a jamais eus, des listes de
choses qu’elle voudrait avoir…
Il est un effet bien connu en art consistant en un retrait, qui fabrique des œuvres du genre couché de soleil en noir et blanc, avion sans ailes, colonnes inachevées, on obtient toujours de l’élégance, de la distanciation, un moment suspendu. Les retraits de Corinne sont plutôt du domaine de l’évasion. C’est une échappée belle. Alors qu’on la croyait affairée avec naturel, cela se révèle plus tard une sculpture, tandis que maintenant elle enregistre une chanson. Ce qui chez d’autres est ampoulé par un discours sur le work-in-progress, se dévoile dans une dérive perpétuelle au son régulier d’une balade, tant sa facilité à changer de médium et à produire sans état d’âme est évidente. Ainsi elle nous donne les contours de sa fantaisie et nous laisse la peau morte de son ancienne vie.
Ces œuvres sont comme de petites maisons dans le fond du jardin, mais on peut y vivre vraiment, bien que cela soit des maquettes. Voilà comment prend réalité la production de Corinne. Ce sont des bobards pour de vrai. Elle n’a pas son pareil pour donner l’illusion, que tout est possible avec quelques mots. Son travail se situe dans cette économie dont il nous est impossible de découvrir le cœur, chaque œuvre est une porte qui nous éloigne de son domaine, et nos songes dans le sillage de ces œuvres ont des allures littéraires, rien qu’en évoquant leurs titres. La corne trop sympa qui transforme tout objet qu’elle orne en …« trop sympa», c’est le contre-pied astucieux du ready-made, la forme irréprochable qui s’amuse à croire à l’existence d’un canon… Il y a une évidence comme dans le poème que lui a dédié Edouard Baer. »
Une rêveuse dont tout l’art consiste à atterrir en douceur et parfois en catastrophe. Une esthétique de la gueule de bois peut-être. Sa saison c’est l’adolescence et plus particulièrement le dimanche après-midi, lendemain de fête; alors que nous entendons au loin les parents qui nous laissent tranquilles un moment, pensant que nous faisons nos devoirs. C’est là qu’elle se raconte des histoires modernes, cruelles ou parfois fantastiques sous forme de longs synopsis brodés, où des jeunes très modes se trompent souvent de choix existentiels, ou encore elle fait des dessins de copains qu’elle n’a jamais eus, des listes de
choses qu’elle voudrait avoir…
Il est un effet bien connu en art consistant en un retrait, qui fabrique des œuvres du genre couché de soleil en noir et blanc, avion sans ailes, colonnes inachevées, on obtient toujours de l’élégance, de la distanciation, un moment suspendu. Les retraits de Corinne sont plutôt du domaine de l’évasion. C’est une échappée belle. Alors qu’on la croyait affairée avec naturel, cela se révèle plus tard une sculpture, tandis que maintenant elle enregistre une chanson. Ce qui chez d’autres est ampoulé par un discours sur le work-in-progress, se dévoile dans une dérive perpétuelle au son régulier d’une balade, tant sa facilité à changer de médium et à produire sans état d’âme est évidente. Ainsi elle nous donne les contours de sa fantaisie et nous laisse la peau morte de son ancienne vie.
Ces œuvres sont comme de petites maisons dans le fond du jardin, mais on peut y vivre vraiment, bien que cela soit des maquettes. Voilà comment prend réalité la production de Corinne. Ce sont des bobards pour de vrai. Elle n’a pas son pareil pour donner l’illusion, que tout est possible avec quelques mots. Son travail se situe dans cette économie dont il nous est impossible de découvrir le cœur, chaque œuvre est une porte qui nous éloigne de son domaine, et nos songes dans le sillage de ces œuvres ont des allures littéraires, rien qu’en évoquant leurs titres. La corne trop sympa qui transforme tout objet qu’elle orne en …« trop sympa», c’est le contre-pied astucieux du ready-made, la forme irréprochable qui s’amuse à croire à l’existence d’un canon… Il y a une évidence comme dans le poème que lui a dédié Edouard Baer. »