« Condensation »
Exposition de Claire DANTZER du 14 mai 2015 au 30 juin 2015
« Smoke & mirrors »
Exposition de Claire DANTZER du12 avril au 21 mai 2012
Programmation associée Marseille Expos Printemps de l’Art Contemporain #4 « Sous le Sable »
www.documentsdartistes.org/artistes/dantzer/
«La pratique artistique de Claire Dantzer s’inscrit dans l’abondance. À travers le dessin, la vidéo, la sculpture ou l’installation, elle engage un rapport de formes dans lequel s’opère un glissement, une dérive, une altercation. Mêlant la sensualité à l’animalité, la douceur à l’excès et la réserve à la démesure, c’est en tension, entre candeur et perfidie, entre délice et cruauté, que ses pièces entrent en bascule. C’est dans cette déchirure, ce moment où la légèreté se dérobe, où la séduction vacille, où les masques tombent, que l’œuvre agit: une désillusion du merveilleux, un écart trouble.
L’artiste attire ainsi les contraires dans des dispositifs mettant en scène ces rapports d’attraction. Sous la séduction première des surfaces (filmées, dessinées ou recouvertes), l’inquiétude se dissimule en revers. Les contes et imageries enfantines en prennent un coup. Comme une chute de l’innocence, elle creuse ce lien continuellement présent entre enchantement et déception. Claire Dantzer intègre, à travers et au-delà de son propre personnage, les histoires personnelles et mythes collectifs composant les dérèglements du désir, et touche du doigt les failles faisant violence au réel : une poussée en onirisme, une perturbation fictionelle.»
leïla quillacq
« Condensation »
« C’est le milieu du jour, le ciel est sombre.
Devant moi, il y a la mer.
Aujourd’hui elle est plate,
lourde,
de la densité du fer.
Et sans plus de force on dirait.
Entre le ciel et l’eau
il y a un large trait noir.
Il couvre la totalité de l’horizon.
Il est de la régularité d’une rature, géante,
de l’importance d’une différence infranchissable. »
extrait d’Aurélia Steiner (Vancouver) Marguerite Duras 1979
Pour cette exposition Condensation livre un travail qui traite de l’abstraction en utilisant les nuages comme prétexte et objet.
A partir de photographies, l’image se révèle par transfert, dévoilant ses vibrations sur le papier ou le bois enduit pour venir occuper l’espace.
Il ne s’agit pas de dessin, ni de peinture mais d’un travail flottant entre les techniques échappant à son appellation et interrogeant la sensibilité.
« Dans l’épisode, une star idole des jeunes gens disparaît. Sur la toile, l’icône oubliée d’une histoire à la fois intime et populaire réapparait en transfert. Dans le titre, l’évocation d’un sentiment amer, le souvenir d’un être invincible au monde, pouvoir sacré d’un bel âge perdu, manque…
« Smoke & mirrors »
Pour cette série, Claire Dantzer nous convie dans les réminiscences d’un nouveau conte faussement enchanté : vertiges d’une super-héroïne usée par les tours du temps sur lui même, délavement mélancolique des fantasmes acidulés de l’adolescence.
A partir de captures d’écran, les figures immatérielles d’une Wonder Woman réincarnée viennent tamponner et se dégorger sur le papier mouillé, ou frotter la surface à l’acétone. Le procédé tire le jus, la pulpe de ce qui resterait d’une image surexploitée et arrêtée dans le temps. Le geste extrait, éponge, condense et tente de recueillir l’essence d’une âme évaporée, que les passages au dessin chercheraient à ressusciter. Le faire insuffle une présence fantomatique et souligne le vide, révèle le corps absent, sculpte les reliquats d’une imagerie à la fois saturée et hors-jeu.
Du Saint Suaire au poster, de la relique à l’accessoire, du culte au comics, Claire Dantzer joue ici des références à la fois gorgées de mythes liturgiques et de mauvais goût.
Autour de Lynda Carter, incarnation à l’écran de l’archétype de la perfection au féminin, de la soumission par l’amour et d’une certaine schizophrénie – histoire d’un dépassement de soi par l’image que l’on sert – l’effigie militaire d’un rêve américain grotesque (Wonder Woman : celle qui porte le drapeau en talon aiguille…) prend tour à tour des figures extatiques de martyrs, des allures d’icône psychédélique hallucinée, de statuaire divine ou de personnage fantastique. Le traitement balade le sujet sur fond des stigmates sacrificiels, d’étoiles déchues, de magie rituelle et de cercueil mortuaire. Ste Thérèse, Janis Joplin, Galatée, Blanche neige …
L’œuvre retrouve et réinvente l’histoire, ses origines engagées et ses déclinaisons érotiques mal connues: Princesse Amazone d’un Paradise Island peuplé d’Hollydays Girls où la mythologie rencontre le pur fantasme, ambassadrice en notre monde d’une nation aux velléités justicières, représentante d’un féminisme à l’arsenal retourné contre lui, car la belle au lasso débarquant en pleine seconde guerre finie souvent ligotée à la manière d’un bondage.
Du kitsh au morbide, de l’univers teenage à l’iconographie sado-masochiste, Claire Dantzer s’atèle à un travail de mémoire malicieux et d’abandon douloureux, à l’archéologie d’une légende ici sublimée et malmenée, tenant lieu de Vanité façon série B. Une nouvelle œuvre pour une nouvelle fée, délavée et couverte de bleus, ceux des coups portés par le temps sur nos prétentions passées à l’immortalité.»
Leïla Quillacq, Avril 2011.
« Condensation »
Exposition de Claire DANTZER du 14 mai 2015 au 30 juin 2015
« Smoke & mirrors »
Exposition de Claire DANTZER du12 avril au 21 mai 2012
Programmation associée Marseille Expos Printemps de l’Art Contemporain #4 « Sous le Sable »
www.documentsdartistes.org/artistes/dantzer/
«La pratique artistique de Claire Dantzer s’inscrit dans l’abondance. À travers le dessin, la vidéo, la sculpture ou l’installation, elle engage un rapport de formes dans lequel s’opère un glissement, une dérive, une altercation. Mêlant la sensualité à l’animalité, la douceur à l’excès et la réserve à la démesure, c’est en tension, entre candeur et perfidie, entre délice et cruauté, que ses pièces entrent en bascule. C’est dans cette déchirure, ce moment où la légèreté se dérobe, où la séduction vacille, où les masques tombent, que l’œuvre agit: une désillusion du merveilleux, un écart trouble.
L’artiste attire ainsi les contraires dans des dispositifs mettant en scène ces rapports d’attraction. Sous la séduction première des surfaces (filmées, dessinées ou recouvertes), l’inquiétude se dissimule en revers. Les contes et imageries enfantines en prennent un coup. Comme une chute de l’innocence, elle creuse ce lien continuellement présent entre enchantement et déception. Claire Dantzer intègre, à travers et au-delà de son propre personnage, les histoires personnelles et mythes collectifs composant les dérèglements du désir, et touche du doigt les failles faisant violence au réel : une poussée en onirisme, une perturbation fictionelle.»
leïla quillacq
« Condensation »
« C’est le milieu du jour, le ciel est sombre.
Devant moi, il y a la mer.
Aujourd’hui elle est plate,
lourde,
de la densité du fer.
Et sans plus de force on dirait.
Entre le ciel et l’eau
il y a un large trait noir.
Il couvre la totalité de l’horizon.
Il est de la régularité d’une rature, géante,
de l’importance d’une différence infranchissable. »
extrait d’Aurélia Steiner (Vancouver) Marguerite Duras 1979
Pour cette exposition Condensation livre un travail qui traite de l’abstraction en utilisant les nuages comme prétexte et objet.
A partir de photographies, l’image se révèle par transfert, dévoilant ses vibrations sur le papier ou le bois enduit pour venir occuper l’espace.
Il ne s’agit pas de dessin, ni de peinture mais d’un travail flottant entre les techniques échappant à son appellation et interrogeant la sensibilité.
« Dans l’épisode, une star idole des jeunes gens disparaît. Sur la toile, l’icône oubliée d’une histoire à la fois intime et populaire réapparait en transfert. Dans le titre, l’évocation d’un sentiment amer, le souvenir d’un être invincible au monde, pouvoir sacré d’un bel âge perdu, manque…
« Smoke & mirrors »
Pour cette série, Claire Dantzer nous convie dans les réminiscences d’un nouveau conte faussement enchanté : vertiges d’une super-héroïne usée par les tours du temps sur lui même, délavement mélancolique des fantasmes acidulés de l’adolescence.
A partir de captures d’écran, les figures immatérielles d’une Wonder Woman réincarnée viennent tamponner et se dégorger sur le papier mouillé, ou frotter la surface à l’acétone. Le procédé tire le jus, la pulpe de ce qui resterait d’une image surexploitée et arrêtée dans le temps. Le geste extrait, éponge, condense et tente de recueillir l’essence d’une âme évaporée, que les passages au dessin chercheraient à ressusciter. Le faire insuffle une présence fantomatique et souligne le vide, révèle le corps absent, sculpte les reliquats d’une imagerie à la fois saturée et hors-jeu.
Du Saint Suaire au poster, de la relique à l’accessoire, du culte au comics, Claire Dantzer joue ici des références à la fois gorgées de mythes liturgiques et de mauvais goût.
Autour de Lynda Carter, incarnation à l’écran de l’archétype de la perfection au féminin, de la soumission par l’amour et d’une certaine schizophrénie – histoire d’un dépassement de soi par l’image que l’on sert – l’effigie militaire d’un rêve américain grotesque (Wonder Woman : celle qui porte le drapeau en talon aiguille…) prend tour à tour des figures extatiques de martyrs, des allures d’icône psychédélique hallucinée, de statuaire divine ou de personnage fantastique. Le traitement balade le sujet sur fond des stigmates sacrificiels, d’étoiles déchues, de magie rituelle et de cercueil mortuaire. Ste Thérèse, Janis Joplin, Galatée, Blanche neige …
L’œuvre retrouve et réinvente l’histoire, ses origines engagées et ses déclinaisons érotiques mal connues: Princesse Amazone d’un Paradise Island peuplé d’Hollydays Girls où la mythologie rencontre le pur fantasme, ambassadrice en notre monde d’une nation aux velléités justicières, représentante d’un féminisme à l’arsenal retourné contre lui, car la belle au lasso débarquant en pleine seconde guerre finie souvent ligotée à la manière d’un bondage.
Du kitsh au morbide, de l’univers teenage à l’iconographie sado-masochiste, Claire Dantzer s’atèle à un travail de mémoire malicieux et d’abandon douloureux, à l’archéologie d’une légende ici sublimée et malmenée, tenant lieu de Vanité façon série B. Une nouvelle œuvre pour une nouvelle fée, délavée et couverte de bleus, ceux des coups portés par le temps sur nos prétentions passées à l’immortalité.»
Leïla Quillacq, Avril 2011.